21 février 2005

Souvenir vaudou-amer


Cayenne, Guyane. Cela doit être en 1998. J'effectue ma seconde seconde au lycée Vidal où ce matin je suis arrivé tôt. Du seconde étage je vois les élèves arriver par petits groupes. Partout autour la forêt s'éveille. Il fait un peu frais, une étrange fumée s'échappe de la canopée. Les arbres semblent expirer. J'attends Alain mon pote haïtien. J'ai retrouvé en lui l'enthousiasme des Africains. Il n'arrive pas. Mais Rose arrive. Elle est Haîtienne aussi et semble s'intéresser à moi depuis quelques temps... ce qui me vaut d'être copieusement charié par Alain. Macoumé, va ! On parle un peu. Elle me fait comprendre qu'elle veut sortir avec moi. Je lui fais comprendre que moi... non. Puis elle s'éloigne en souriant. J'ai été clair et expéditif je le confesse car je ne souhaitais pas qu'Alain me voie en sa compagnie... ce qui m'aurait coûté cher.
Le voilà qui descend de son scooter. En Guyane on dit "engin". Il me rejoint, on s'accoude à la balustrade, on parle de foot.
-"Tu saignes !", me dit-il soudainement.
-"Quoi ? Où ?"
-"Là !", me répond-il en montrant mon avant-bras gauche, couvert de sang.

Le sang s'écoule très rapidement et ne coagule pas. Aucune plaie. Un simple point rouge, minuscule, sur mon poignet, au-dessus de ma vieille Swatch bleue, d'où sort le sang qui atteint mon coude. Alain m'accompagne aux toilettes. Je nettoie mon bras. Rien à faire, le sang continue de s'écouler.
Direction l'infirmerie... où l'on ne peut rien pour moi. J'y passe vingt minutes durant lesquelle l'infirmière tente deux bandages. A chaque fois, le pansement se gorge de sang et devient rouge en une minute. Impressionnant et inquiétant.
Finalement c'est le SAMU qui vient me chercher pour m'acheminer aux urgences. Là je saignerai encore de longues minutes avant que mon sang ne coagule enfin. J'ai dû saigner cinquante minutes en tout !

L'après-midi, retour au lycée. C'est la saison des pluies, j'arrive trempé. Mauvaise idée le t-shirt blanc... Avec Alain nous enquêtons. On pense que je me suis coupé la main sur la rembarde. Impossible. Même en frottant mon poignet pendant des heures sur cette rembarde, je n'aurais pu me couper. Sur mon poignet, ni entaille ni plaie. Juste un minuscule point rouge.
On se la joue "Les Experts" en refaisant le film à l'envers.
-"Je suis arrivé le matin. Je me suis accoudé. Je t'attendais. Puis Rose est arrivée et..."
-"Quoi ?"
-"Ouais je l'ai un peu envoyé sur les... roses"
-"Ah je comprends...", me dit-il avec un grand sourire. "Elle t'a fait payer c'est évident. Oublie pas qu'elle est Haïtienne ! Sans te toucher en plus... Vaudou, Jérôme ! Vaudou !"

Entre vous et moi, je ne vois toujours pas d'autre explication.

1 Commentaires:

A 6/4/05 10:39, Anonymous Anonyme a dit...

J'ai failli avoir une aventure similaire au Bénin, à Ouidah, terre vaudou s'il en est...

J'ai eu du bol d'être avec un gars du crû...

Ceci étant, dès qu'on sort de son terrain de prédilection, le vaudou n'a plus aucune efficacité... Ce sont les Béninois qui le disent ! ;)

(http://photo.ad.free.fr/dotclear/index.php/?q=vaudou)

 

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