17 octobre 2005

Super Drowl



Le seul événement marquant de ma deuxième année de DEUG de géographie à Toulouse fut... ma découverte du football américain.

En début d’année (donc en novembre dans cette fac...), je suis rapidement devenu pote avec Daniel, un étudiant bolivien qui s’auto-surnommait Pazuco. Il était passionné par la NFL, la ligue de football américain, depuis son plus jeune âge. Il connaissait toutes les équipes, toutes les règles compliquées, et même le meilleur quarterback de la saison 68-69. Seulement voilà, Pazuco n’avait jamais touché le fameux ballon ovale aux trois lacets... Une passion strictement documentaire.

Je lui ai donc proposé qu’on rejoigne les Ours de Toulouse, une équipe locale. Pour lui, c’était la réalisation d’un rêve. Pour moi c’était une découverte socio-anthropologique.

Premier entraînement un mardi soir à 20 heures. C’est le début de la saison et l’équipe accueille 6 nouvelles recrues. Après 25 tours de terrain, un paquet de pompes et quelques abdos, on enfile les fameuses tenues de gladiateur. Quelle barre de rire ! Pazuco avait du mal à faire rentrer sa tignasse sous son casque et j’avais l’air d’un jeune acteur de série américaine. Vous savez, le beau gosse capitaine de l’équipe qui sort avec la pompom girl blonde. Non quand-même pas.

“Alors les gars, première chose. Il faut savoir prendre des coups. Le foot US est un sport de contact. Formez deux rangs et mettez-vous face-à-face”.

Je me retrouve donc en face d’un type... à qui je dois mettre des coups de boule pendant une demi-heure. On s’attrape par les épaulières et BANG BANG BANG, c’est parti pour le choc des cultures. “Pas avec le front les gars, avec la grille !”

Le lendemain matin on a vidé une boîte de Doliprane à deux... Je me suis tâté, mais j’ai décidé de continuer. Non pas pour moi, mais pour lui... Les entraînements se sont succédé, deux fois par semaine. Avec des exercices plus proches de l’expérience de survie que du sport.

“Bon je te lance la balle, et tu cours vers la ligne. Les autres vont te courir après pour te “saquer”, mais ne te retourne pas et fonce”. Résultat : un massacre. Trois fois d’affilée, je me retrouve écrasé sous le poids de 3 gros lards de 100 kilos chacun.

J’ai continué courageusement pendant quelques semaines. Le temps qu'il fallait pour me venger et enfin pouvoir faire de bons gros plaquages à mon tour. J’ai arrêté quand il a fallu payer la licence de la fédération ainsi que l’équipement, horriblement cher. J’avoue aussi que l’ambiance “bison” me plaisait très moyennement.

Quant à Pazuco, il a aussi arrêté le football américain. Rien ne vaut une passion documentaire.