19 avril 2005

Extrait


Elle marchait pieds nus sur les dalles, qui retenaient pendant quelques secondes l'haleine de ses foulées, la tiédeur vagabonde de ses pieds, de même que le verre capte et retient la vapeur d'un souffle ; puis les traces s'amincissaient, à mesure qu'elles perdaient la chaleur de l'empreinte, et se laissaient dévorer jusqu'à ce que leurs contours se fussent dissipés. Suivre les traces de ses pas, assister à leur évanouissement progressif, tandis qu'elle s'éloignait, avait quelque chose d'hypnotique, donnait l'impression déroutante que l'on a quand on suit une piste que l'on croit réelle et qui, en définitive, se révèle être un mirage.

"La tempête", Juan Manuel de Prada, p.100