21 février 2005

Zorro absolu


Petit, on se cherche un héros. J'avais vite trouvé le mien en la personne de Zorro. Les autres garçons lui préféraient Superman, Spiderman, Batman ou autres yankees en -man. Comment pouvaient-ils ? Pour moi le pire de tous était Superman. Un slip rouge sur un collant bleu ?! Et ça veut sauver le monde dans cette tenue ?
Zorro est moins ambitieux, il se contente de s'occuper de son barrio paumé au beau milieu du Mexique. Il est plus réaliste, moins arrogant. De ce côté-ci du Rio Bravo, les héros ont des cojones.
D'abord Zorro c'est la classe. Tout en noir, tout en cuir. Il se déplace à cheval, à l'ancienne. Essayez un peu de chevaucher un pur-sang en pantalon de cuir... Ca c'est héroïque ! Pas de super-pouvoirs ridicules. Non Zorro ne voit pas à travers les murs ni ne les escalade à mains nues. Il se démerde tout seul avec ses dix doigts pour venger la veuve et l'orphelin, accompagné de deux seuls Tornado et Bernardo. Comprendre un sourd-muet, ça c'est héroïque ! Quelle dimension humaine dans ce personnage... Non il n'y a décidemment personne au-dessus de Zorro.

L'aviez-vous remarqué ?



Dans films et séries TV, les agents du FBI se déplacent toujours par deux. Mais avez-vous remarqué que l'un présente toujours l'autre ? Imaginons ainsi une scène :

Deux agents arrivent devant la porte d'une maison typique des suburbs américains. Le gazon a été fraîchement tondu le dimanche d'avant par le père de famille, qui avait trouvé là l'occasion de sortir son vieux sweat à capuche "University of South Dakota". L'un des agents sonne. Une femme ouvre. C'est là que tout se joue.
L'agent dit : "Bonjour Madame, je suis l'agent Campbell et voici l'agent Comptable", en montrant son équipier du doigt. Et les deux d'exhiber leurs deux plaques rutilantes. Le second ne se présente jamais lui-même et c'est toujours comme ça.

Couleur de vérité


En octobre 2001 je découvre l'université à Toulouse. J'avais obtenu mon bac au Gabon quelques mois plus tôt.
Première journée au département de Géographie. On fait la queue depuis des heures pour obtenir un #@5§*$% de papier. Derrière moi j'entends un Africain. J'ai deviné à son accent qu'il était Congolais. Il discute avec une fille et tente de la séduire. Ca tombe sous le sens ! Un pote ivoirien me disait que "99% des Congolais qui discutent avec une fille tentent de la séduire"... Malheureusement pour lui c'est mal engagé. Il me confiera plus tard que "cette Blanche là n'était pas blanche-bleue"... On fait connaissance et je deviens vite pote avec le gars au nom le plus improbable que l'on puisse imaginer :

"Jéry-Clève Pompidou Bayindula"

Pompidou ? Une idée de sa mère en hommage à Georges, en visite présidentielle à Brazzaville lorsque Jéry est né.
Arrivé en France en 1999, il avait atteri au Puy-en-Velay, ville du Forez aussi chaleureuse qu'un TicTac Supermint. Avant de découvrir "la Ville Rose et le cassoulet". Pendant deux ans s'enchaînent les débats sur la géopolitique africaine ou sur les déhanchements des danseuses de mapouka. Je lui parlais de ma difficulté à me faire à la France. De mon "attachement de Blanc" à l'Afrique. Là il aurait pu me citer Basile Boli (ou son nègre) qui disait se sentir "le cul entre deux chaises" dans sa bio "Black Boli". Mais il a fait mieux.
Menton collé à la poitrine comme d'habitude, les yeux levés vers moi, mains grandes ouvertes comme un dealer les mains en l'air devant David Starsky, il me dit :

"Tu es trop noir pour être blanc et trop blanc pour être noir".

Touché.

Souvenir vaudou-amer


Cayenne, Guyane. Cela doit être en 1998. J'effectue ma seconde seconde au lycée Vidal où ce matin je suis arrivé tôt. Du seconde étage je vois les élèves arriver par petits groupes. Partout autour la forêt s'éveille. Il fait un peu frais, une étrange fumée s'échappe de la canopée. Les arbres semblent expirer. J'attends Alain mon pote haïtien. J'ai retrouvé en lui l'enthousiasme des Africains. Il n'arrive pas. Mais Rose arrive. Elle est Haîtienne aussi et semble s'intéresser à moi depuis quelques temps... ce qui me vaut d'être copieusement charié par Alain. Macoumé, va ! On parle un peu. Elle me fait comprendre qu'elle veut sortir avec moi. Je lui fais comprendre que moi... non. Puis elle s'éloigne en souriant. J'ai été clair et expéditif je le confesse car je ne souhaitais pas qu'Alain me voie en sa compagnie... ce qui m'aurait coûté cher.
Le voilà qui descend de son scooter. En Guyane on dit "engin". Il me rejoint, on s'accoude à la balustrade, on parle de foot.
-"Tu saignes !", me dit-il soudainement.
-"Quoi ? Où ?"
-"Là !", me répond-il en montrant mon avant-bras gauche, couvert de sang.

Le sang s'écoule très rapidement et ne coagule pas. Aucune plaie. Un simple point rouge, minuscule, sur mon poignet, au-dessus de ma vieille Swatch bleue, d'où sort le sang qui atteint mon coude. Alain m'accompagne aux toilettes. Je nettoie mon bras. Rien à faire, le sang continue de s'écouler.
Direction l'infirmerie... où l'on ne peut rien pour moi. J'y passe vingt minutes durant lesquelle l'infirmière tente deux bandages. A chaque fois, le pansement se gorge de sang et devient rouge en une minute. Impressionnant et inquiétant.
Finalement c'est le SAMU qui vient me chercher pour m'acheminer aux urgences. Là je saignerai encore de longues minutes avant que mon sang ne coagule enfin. J'ai dû saigner cinquante minutes en tout !

L'après-midi, retour au lycée. C'est la saison des pluies, j'arrive trempé. Mauvaise idée le t-shirt blanc... Avec Alain nous enquêtons. On pense que je me suis coupé la main sur la rembarde. Impossible. Même en frottant mon poignet pendant des heures sur cette rembarde, je n'aurais pu me couper. Sur mon poignet, ni entaille ni plaie. Juste un minuscule point rouge.
On se la joue "Les Experts" en refaisant le film à l'envers.
-"Je suis arrivé le matin. Je me suis accoudé. Je t'attendais. Puis Rose est arrivée et..."
-"Quoi ?"
-"Ouais je l'ai un peu envoyé sur les... roses"
-"Ah je comprends...", me dit-il avec un grand sourire. "Elle t'a fait payer c'est évident. Oublie pas qu'elle est Haïtienne ! Sans te toucher en plus... Vaudou, Jérôme ! Vaudou !"

Entre vous et moi, je ne vois toujours pas d'autre explication.

L'aviez-vous remarqué ?


Au restaurant, il faut voir pour croire... Prenons un exemple :
Vous êtes dans un restaurant avec quelques amis et venez de vous asseoir à votre table. Une serveuse arrive et vous donne un menu chacun. Vous le parcourez tous des yeux.
Vous dites : "Tiens, ils ont du saumon norvégien à la cannelle !"
Et là obligatoirement l'un des convives vous demande : "Où ça ?"
Vous avez le même menu mais on ne vous fait pas confiance ! Ils veulent tous vérifier sur leur menu que ce que vous dites est vrai.
Pensez-y et vous verrez, c'est toujours comme ça...

19 février 2005

Tuba essai


Septembre 1989. La rentrée approche à grand pas. A peine a-t-on rangé le tuba dans le placard qu'il faut reprendre le chemin de l'école. Mais avant tout, il faut passer au supermarché "Escale" pour acheter les fournitures scolaires. La déprime.
Mais ce jour-là je sors du magasin avec un sous-main de bureau sous le coude. Un sous-main planisphère... qui est finalement resté sur mon bureau jusqu'à mes 18 ans. Ainsi suis-je devenu un spécialiste des capitales, des détroits et autres possessions hollandaises perdues au large de l'Antartique. J'ai fait des petits points rouges sur tous les endroits du globe où je suis allé. Mais il me manque encore beaucoup de points rouges à marquer. Et surtout un : l'île de Pâques. Je me suis juré d'y mettre les pieds un jour quand ma famille est moi avons débarqué à Bouaké en Côte d'Ivoire. J'ai encore l'intention de tout essayer pour y aller, accompagné de mon sous-main, pour y faire de la plongée sous-marine. Pour y réutiliser mon tuba.