18 décembre 2005

Rose fanée

Quand Emile m'a parlé d'un portrait d'Axl Rose, je n'ai pas pu résister. Moi non plus je n'ai pas échappé à November Rain et aux kilts du leader des Guns quand j'avais 10 ans.
On ne s'appelle pas "à l'ancienne" pour rien.























Axl Rose, 43 ans - L’ex superstar du hard rock des années 80-90 pourrait sortir un nouvel album mi 2006...ou encore plus tard. Rattrapé par sa vie, il ne semble pas s’être remis de son succès.

Nice boys don’t play rock’n roll.
Axl Rose a illustré, souvent par l’absurde, le refrain d’une des premières chansons des Guns’n roses, Nice boys (1986). Irrascible, il est capable d’arrêter un concert en plein milieu après avoir frappé un fan, comme à Saint Louis en 1992. Violent, ses deux ex-femmes l’ont accusé de les avoir battues. Caractériel, il a écoeuré tous les membres fondateurs du groupe. Même le bassiste Duff Mac Kagan, fidèle parmi les fidèles, a fini par quitter le navire en 1998.

En 1991, les Guns ‘n roses sont au sommet de leur gloire. Le groupe sort deux albums en même temps : Use your illusion 1 et Use your illusion 2. Bonne pioche : ils se vendront à plus de cinq millions d’exemplaires chacun rien qu’aux Etats-Unis. Axl Rose, de son vrai nom William Bailey, en est le leader charismatique. Les balades comme November rain, Don’t Cry ou Estranged rassemblent un large public.

Gestuelle explosive

Composés par lui quinze ans auparavant, ces slows mélancoliques sont l’empreinte la plus forte d’Axl Rose sur le style des Guns ‘n Roses. Axl Rose y chante l’impossibilité de s’accommoder de l’imperfection de la vie. C’est d’ailleurs le goût d’Axl Rose pour ces chansons qui provoquera le départ du guitariste Slash en 1996.

Axl Rose, c’est aussi un style. Dès la création des Guns’n Roses en 1985, il offre une apparence résolument baroque, bien loin du hair metal (littéralement, métal chevelu) qui fait fureur à l’époque: Kiss ou Alice Cooper, stars ébouriffées, vêtues de cuir, et soigneusement maquillées. Axl Rose ne cherche pas à donner une cohérence à son look. Ses longs cheveux chatains sont retenus par un énorme bandana coloré. Dans le clip de November rain, récompensé par un MTV Award en 1992, il porte une veste digne d’un capitaine de corvette du XVIIe siècle.

En concert, il a un goût prononcé pour les shorts de cyclistes, les vestes aux couleurs du drapeau américain ou anglais. Il arbore souvent des T-shirts à l’effigie de Jésus... ou du tueur en série Charles Manson. L’écorché vif irrascible des «Guns», qui a trainé cinq ans dans les rues de Los Angeles avant de vivre de sa musique, trimballe quelque chose de fascinant.

Lorsque que le groupe explose en 1987 avec l’album Appetite for destruction et ses 20 millions d’exemplaires, l’Amérique puritaine de Ronald Reagan est choquée. Sa gestuelle explosive et désordonnée intrigue. Son regard bleu acier et sa voix, suraigue ou grave, font peur. Son côté Américain moyen renvoie au pays une drôle d’image.

En 1989, après la mort de deux fans lors d’un concert donné en Angleterre, la presse éreinte les Guns’ n Roses : ils héritent du tire de «groupe le plus dangereux du monde». Axl Rose attire les polémiques. Dans One in a million (1986, publié en 1989), il dénonce en des termes virulents envers les «immigrés» et les «pédés» le communautarisme qu’il a découvert à Los Angeles à 17 ans. Même s’il récuse tout racisme ou homophobie dans le dernier couplet du morceau, la polémique le suit toute sa carrière.

Ses difficiles relations avec la presse aggravent son rejet du monde extérieur, qu’il ne côtoie plus aujourd’hui. Il vit reclu dans sa propriété de Los Angeles, et n’a pas parlé à la presse depuis 1994. Car si l’Amérique de Reagan lui a mené la vie dure, celle de Clinton ne lui réserve pas meilleur sort. La femme d’Al Gore bataille ferme pour faire apposer sur les deux Use your illusion un avertissement du contenu «explicite» de certaines chansons. Les gros distributeurs boycottent le disque. Sans l’empêcher d’atteindre le sommet des ventes.

C’est pourtant le début du déclin pour Axl Rose. Il sort épuisé d’une tournée de 28 mois. Il paie les pots cassés d’une relation amour-haine avec son public, auquel il demande une dévotion totale. Sans pour autant lui épargner ses deux heures de retard habituelles.

Vieux démons

Le groupe enregistre rapidement un autre album, The spaghetti incident (1994). Un disque fait de reprises médiocres, qui déçoit l’attente immense née des concerts. Cela aggrave les tensions au sein du groupe, où Axl Rose est de plus en plus caractériel. «Je suis un psychopathe, mais je sais faire la part entre les moments où je peux tout casser et ceux où je dois être aimable avec tout le monde», avouait-il. Il y parvient de moins en moins.

La faute aux vieux démons : une thérapie régressive démarrée en 1991 fait ressurgir un viol commis par son père alors qu’il avait deux ans. Et aussi la violence d’un beau-père ultra-catholique, devant lequel la mère préfère s’effacer. Il a quitté à 17 ans cette famille de l’Indiana, le casier judiciaire déjà bien rempli.

Axl Rose arrive de moins en moins à convertir sa colère en énergie musicale et scénique. «La pression de devoir faire un concert quoiqu’il puisse se passer dans ma vie est dure à gérer», confiait-il déjà en 1992. Les membres du groupe s’en vont un à un. Et coupent les ponts avec lui.

Aujourd’hui, il travaille sur le prochain album des Guns ‘n Roses, dont il est le seul rescapé. Intitulé Chinese democracy, il doit sortir depuis près de huit ans. Les musiciens changent en permanence. Même Bryan May, le guitariste de Queen, n’a pas tenu une semaine. Le bad boy n'arrive même plus à jouer du rock 'n roll.


Un portrait signé Emile

15 novembre 2005

L'aviez-vous remarqué ?



Dans les films, lorsque l'on enlève les menottes à quelqu'un, il se masse systématiquement le poignet gauche puis le poignet droit, l'un après l'autre, et ce dès que les menottes ont été enlevées.

31 octobre 2005

Troie dans l'aube



Je me rappelle d'un film qui n'a pourtant rien d'inoubliable qui s'appelle Troie.
J'ai eu le privilège de le voir au Peckham Multiplex, une salle à l'ancienne à 3 pounds la séance.
Eh bien figurez-vous que dans Troie, le soleil se lève à l'ouest.
Car sur cette scène d'aube, le soleil se lève sur la Grèce, Troie se situant en actuelle Turquie...
Une erreur que même les petits futés d'Erreurs de films n'ont pas décelé.

26 octobre 2005

Dites 33



Condamné à 30 ans de prison pour une tentative de meurtre, Eric James Torpy a réclamé trois ans de prison supplémentaires pour atteindre le nombre 33 en l'honneur du numéro porté par la légende des Celtics Larry Bird. "Il a dit que quitte à aller en prison pour une longue période, autant y aller avec le maillot de Larry Bird. On a accepté sa demande et il était réellement heureux. Je n'avais jamais vu ça en 26 ans de carrière", a ainsi expliqué le juge Ray Elliott.

Heureusement que ce crétin n'a pas choisi Dennis Rodman.

17 octobre 2005

Super Drowl



Le seul événement marquant de ma deuxième année de DEUG de géographie à Toulouse fut... ma découverte du football américain.

En début d’année (donc en novembre dans cette fac...), je suis rapidement devenu pote avec Daniel, un étudiant bolivien qui s’auto-surnommait Pazuco. Il était passionné par la NFL, la ligue de football américain, depuis son plus jeune âge. Il connaissait toutes les équipes, toutes les règles compliquées, et même le meilleur quarterback de la saison 68-69. Seulement voilà, Pazuco n’avait jamais touché le fameux ballon ovale aux trois lacets... Une passion strictement documentaire.

Je lui ai donc proposé qu’on rejoigne les Ours de Toulouse, une équipe locale. Pour lui, c’était la réalisation d’un rêve. Pour moi c’était une découverte socio-anthropologique.

Premier entraînement un mardi soir à 20 heures. C’est le début de la saison et l’équipe accueille 6 nouvelles recrues. Après 25 tours de terrain, un paquet de pompes et quelques abdos, on enfile les fameuses tenues de gladiateur. Quelle barre de rire ! Pazuco avait du mal à faire rentrer sa tignasse sous son casque et j’avais l’air d’un jeune acteur de série américaine. Vous savez, le beau gosse capitaine de l’équipe qui sort avec la pompom girl blonde. Non quand-même pas.

“Alors les gars, première chose. Il faut savoir prendre des coups. Le foot US est un sport de contact. Formez deux rangs et mettez-vous face-à-face”.

Je me retrouve donc en face d’un type... à qui je dois mettre des coups de boule pendant une demi-heure. On s’attrape par les épaulières et BANG BANG BANG, c’est parti pour le choc des cultures. “Pas avec le front les gars, avec la grille !”

Le lendemain matin on a vidé une boîte de Doliprane à deux... Je me suis tâté, mais j’ai décidé de continuer. Non pas pour moi, mais pour lui... Les entraînements se sont succédé, deux fois par semaine. Avec des exercices plus proches de l’expérience de survie que du sport.

“Bon je te lance la balle, et tu cours vers la ligne. Les autres vont te courir après pour te “saquer”, mais ne te retourne pas et fonce”. Résultat : un massacre. Trois fois d’affilée, je me retrouve écrasé sous le poids de 3 gros lards de 100 kilos chacun.

J’ai continué courageusement pendant quelques semaines. Le temps qu'il fallait pour me venger et enfin pouvoir faire de bons gros plaquages à mon tour. J’ai arrêté quand il a fallu payer la licence de la fédération ainsi que l’équipement, horriblement cher. J’avoue aussi que l’ambiance “bison” me plaisait très moyennement.

Quant à Pazuco, il a aussi arrêté le football américain. Rien ne vaut une passion documentaire.

24 septembre 2005

Saga Sega - Stage 2

Ceux qui ont aujourd'hui une vingtaine d'années gardent sûrement le souvenir d'une bonne vieille console de jeu 16 bits qui s'appellait la Megadrive... J'avais environ 10 ans quand j'ai -enfin !- eu la chance d'en posséder une. Avec mon frère Sam et les potes du quartier, on passait nos après-midi à jouer comme des dingues. Aujourd'hui je vous propose de découvrir...



..."Ayrton Senna's Super Monaco Grand Prix 2", un très bon jeu de Formule 1, avec un des titres les plus longs que je connaisse. C'était une mode aux débuts des années 90. Rappelez-vous des "Street Fighter 2 Alpha Prime" et compagnie.



En y jouant aujourd'hui, vous aurez l'impression de piloter un kart, mais à l'époque ce jeu était vraiment très bon... et aussi très difficile. Le concept était original. On avait la possibilité de changer d'écurie en lançant des défis à d'autres pilotes. "Si tu veux ma caisse, passe la ligne d'arrivée avant moi !". Bref, un vrai jeu de pilotes, avec une petite dose de chambrage. Ainsi, qui ne se souvient pas du bon vieux "You're going down !"...




Ainsi, on débute avec une caisse toute pourrie, la Serga, et on essaye de remonter. Car avec une Serga, inutile de penser au podium, Fangio ! Mon frère était bien meilleur que moi à ASSMGP2. Tout simplement parce que je jouais avec la boîte auto... Ca se confirmait quand on jouait à 2. L'écran se splitait et ça devenait encore plus difficile... à moins d'avoir une énorme télé.

Pour continuer sur le chapitre des petits bobos, c'est le jeu qui m'a fait le plus mal ! Après une course, j'avais un petit "B" imprimé à l'envers dans le pouce. C'était la touche de l'accélérateur...

23 septembre 2005

Saga Sega - Stage 1

Ceux qui ont aujourd'hui une vingtaine d'années gardent sûrement le souvenir d'une bonne vieille console de jeu 16 bits qui s'appellait la Megadrive... J'avais environ 10 ans quand j'ai -enfin !- eu la chance d'en posséder une. Avec mon frère Sam et les potes du quartier, on passait nos après-midi à jouer comme des dingues. Aujourd'hui je vous propose de découvrir...



... "Streets of rage 2", mon jeu préféré sorti en 1992. Eh oui, ça veut dire "Les rues de la rage 2"... Un pur jeu de baston comme on en fait plus ! Il fallait choisir l'un des 4 personnages et nettoyer les rues de la vermine punk à coups de poings, de barre de fer ou en jetant des bouteilles de bière trouvées au sol. A la fin, il fallait démolir l'horrible Mr X afin de débarrasser la ville de son joug.


Chose amusante, on trouvait des pommes par terre qui redonnaient de l'énergie, et même des poulets parfois. Derrière une poubelle ou au beau milieu d'un vieux rade mal famé...

Les scénaristes japonais ne se sont pas pris la tête avec les noms des personnages. Ils sont tout simplement pitoyables. Lequel a le nom le plus ridicule ? Adam Hunter, Axel Stone, Max Thunder ou Blaze Fielding ?! Par contre la musique était mythique, une techno entraînante à l'ancienne composée par Yuzo Koshiro, la grande star des BO de jeux vidéos... Un son précurseur, même JM & Vince ne pourrait le nier.

En tout cas j'en ai passé des heures à me battre dans les rues... Mais attention c'est plus physique que l'on croit.



Essayez donc de faire 60 arcs de cercle par minute pendant des heures avec ça sans vous faire mal !

23 juillet 2005

Histoires belges sur la route du Tour

Article paru dans Midi Libre, le 22 juillet.


Comme tous les jours depuis deux semaines et demie, Marc le Bruxellois a noué son drapeau noir jaune et rouge sur un manche à balai, qu'il a hissé sur le toit de son camping-car. Aujourd'hui, il s'est garé sur le bord de la route du Tour de France avec sa famille, à l'orée d'une forêt, près de La Lavagne, entre Chanac et Le Massegros.
"C'est le 21 juillet aujourd'hui ! Le royaume de Belgique fête ses 175 ans et on attend la victoire d'Axel Merckx à Mende !", raconte Marc. Une seconde famille d'outre-Quiévrain a préféré investir l'autre côté de la départementale, à l'intérieur d'un virage. Joost, originaire d'Anvers, en Flandres, souhaite également la victoire d'un Belge sur l'aérodrome de Mende. Mais de ce côté-ci de la route, on n'aime pas tellement le Wallon Axel Merckx. On lui préfère le Flamand Tom Boonen. Cette petite route de Lozère suffit ainsi à illustrer la division profonde du peuple belge : Wallons d'un côté, Flamands de l'autre.
"Je mets un drapeau belge sur mon toit, raconte Joost, mais j'ai aussi un étendard flamand", un lion noir sur fond jaune, bien connu des amateurs du Tour de France. Il flotte d'ailleurs "toujours au-dessus" du drapeau belge sur le mât de la famille d'Anvers.

Entre Chanac et Barjac, quelques cyclistes ont déposé leurs vélos dans l'herbe et se sont attroupés autour de la petite camionnette du Belge Pieter. Celui-ci est un habitué du Tour, qu'il suit "dans les deux sens du terme" depuis six ans sans interruption.
Après avoir regardé les coureurs passer sous leurs yeux, il s'est réfugié dans sa camionnette. Celle-ci a été aménagée en véritable station de radio-télévision avec multiples écrans, chronomètres, CB et carnet de route officiel du Tour. Quelques cyclistes de passage se sont ainsi joints à lui pour suivre la fin de l'étape, glissant leur têtes à l'intérieur du véhicule.
"Merckx est bien placé dans l'échappée", commente le Flamand Karsten qui vient d'enlever son casque. "Toute la Belgique doit être derrière lui !", ajoute-t-il dans un français hésitant. Pieter, originaire d'Ixelles, et un autre cycliste wallon sont d'accord. "Il faut se soutenir entre Belges aujourd'hui ! 175 ans, c'est historique !", s'exclame Pieter en regardant à la télévision Axel Merckx s'attaquer à la terrible montée de la Croix-Neuve.
Tous trois retiennent leur souffle. Mais Merckx finit troisième. Déçus, les trois Belges fêteront quand même leur Fête nationale. Autour d'une petite bière fraîche.

28 juin 2005

Champignons chers chez Champion

Ibizarreries

Je me suis rendu à Ibiza pour une enquête journalistique…
Non je plaisante, c’était pour les vacances. Une semaine de plages et de boîtes, sur une île grande comme trois fois l’île d’Oléron.




Minuit dans les petites rues bondées d’Eivissa. Sandra accoste les passants. "How you doin’ ? Vous êtes français ? Hablas español ?". Elle est PR, (soyez trendy : prononcez "pihar"), public relations pour le bar La Biela. Elle tente de convaincre les jeunes qui déambulent de venir boire un verre sur sa terrasse et leur propose des tickets de boîte de nuit moins chers. "Prenez un cocktail à 10€, j’offre la seconde tournée et vous avez la place du Pacha à 31€ au lieu de 35", propose-t-elle ce vendredi soir… En apprenti journaliste à la Capital, je joue les Emmanuel Chain en parlant argent. Je rêvais de tenter un reportage type "Enquête dans les nuits chaudes d’Ibiza : quels sont les secrets de la fête ? Réponse après la pub…". Sandra n’est curieusement pas payée à la commission mais touche un salaire fixe. Environ 1200€ pour juin et septembre. Et jusqu’à 2000 pour juillet-août, quand l’île devient le hot spot de la jeunesse dorée européenne m’as-tu-maté en quête de peau mate, de plage et de techno. Cette parisienne en est à son huitième été dans les Baléares. Le reste de l’année, elle travaille dans des boîtes d’intérim, "dans des bureaux" de la capitale. Je ne saurai pas quel âge elle a. Sandra a atteint un moment de sa vie où l’on ne le donne plus avec légèreté et insouciance. Cette grande blonde fine et sèche au teint très halé explique qu’elle est venue à Ibiza "à un moment où la rongeaient des problèmes personnels". Quatre mois par an, elle les oublie au milieu du flot des fêtards.

Toute aussi bronzée, Raquel fait aussi partie de l’équipe La Biela. Une marque de fabrique, comme un uniforme. Elle en est fière et sourit en me montrant ses avant-bras. Cette Catalane de 21 ans a débarqué sur l’île début juin pour la première fois. Son boulot de serveuse dans une cafeteria de Barcelone ne lui permettait pas de gagner assez et l’envie lui a pris d’aller "en face". "Ici je travaille de 21h à 3h. Ensuite je vais en boîte gratuit, je dors puis je vais à la plage", m’explique-t-elle. "Si tu vas au Pacha tout à l’heure, tu me trouveras tout en haut du plus haut des podiums", me glisse-t-elle. Je ne l’y trouverai pas…



Pendant ce temps, au nord de l’île, les Anglais ont pris leurs quartiers d’été à Sant Antoni. Pubs anglais. Restaurants anglais. Karaokés anglais. Retransmission des matchs de football anglais. Bières anglaises. Shepherd’s pies anglaises. Boîtes avec 90% d'Anglais (Es Paradis). Si vous cherchez une paëlla, demandez à l’ambassade d’Espagne… Sur le bord de mer s'est assis une bande de sujets de Sa Majesté peu majestueux. Ils sont environ dix et sont venus sur l’île pour un enterrement de vie de garçon. Le garçon en question semble justement avoir du mal à se sortir la tête de terre. Torse nu et affublé d’un ridicule chapeau de fou du roi (ou de la reine), le futur marié… a pris cher. Il est assis sur un banc et tente de boire un peu d’eau sous le regard de ses mates un tout petit peu moins chargés. Tous portent un polo noir flanqué de leur surnom. J’aperçois "Big Boy", "Outlaw", "Stringer", et un "Iceman" qui semble être plus chaud que son nom laisserait à penser. Ils sifflent, hèlent et parfois aboient leurs jeunes compatriotes qui défilent sous leurs yeux, portant talons, jupes courtes, hauts moulants. Deux filles s’arrêtent à leur niveau et entament la discussion. "Outlaw" en embrasse une sur la bouche tandis que la seconde demande à ses camarades de vérifier si ses seins sont des vrais. Ils touchent. Palpent. Pétrissent. Ce sont des vrais.

09 juin 2005

Ondes courtes



20 mètres. RadiO Ovni ne portait qu'à 20 mètres ! La station qui
devait être "la première radio pirate de Côte d'Ivoire" devait
pourtant couvrir tout Abidjan, sinon le quartier des Deux-Plateaux.
Comme le promettait le flyer élaboré avec mon frère Sam et mon pote
Hakim. Grâce à Photoshop 2.0 sur l'un des tous premiers Pentium 486...

L'idée de faire une radio pirate est née dans nos esprits quand
Sciences & Vie Junior a publié le plan électronique d'un émetteur
radio. Direction le marché de Yopougon pour acheter résistances,
transistors, amplis et plaques d'epoxy... Fers à souder dans une main,
stylos dans l'autre pour créer la grille des programmes, la jeune
rédaction de la "radio active" était plus motivée que jamais. J'avais
prévu des infos toutes les heures pompées sur Radio France
Internationale, des émissions de rap, de jazz, de rock et de house et...
quelques sessions zouglou.

Malheureusement RadiO Ovni ne portait donc qu'à 20 mètres. Antenne trop petite ! Mon frère a fait quelques tentatives de bidouillage sur le toit... en vain. RadiO Ovni, station FMère, n'a donc jamais émis ailleurs que dans nos têtes.

16 mai 2005

OVNIbulé



Article co-écrit avec JM

"Tout examiner, ne rien croire", résume J.-P. d’H. Tel est le principe de l’ufologie. Chez ce retraité lillois de 68 ans, pas de poster de X-Files au mur ni de soucoupes volantes dans le garage. Le véritable trésor du président du Groupement nordiste d’étude des objets volants non-identifiés (GNEOVNI), ce sont ses dossiers. Même s’ils ont un peu fondu : les archives de l’association ont été volées en 1995, quelques jours après le coup de fil d’un mystérieux militaire. Celui-ci se disait intéressé par l’association "à titre personnel et professionnel"

Un coup dur pour le GNEOVNI qui recueille des témoignages relatant de prétendues apparitions d’ovnis depuis 1965. Quatre ans plus tôt, J.-P. d’H avait lui-même été témoin d’un phénomène étrange. "J’étais sur un bateau de croisière en mer des Caraïbes, explique-t-il. J’ai vu se profiler sur la mer un tube de lumière d’un beau vert, très délimité, qui est remonté jusqu’à moi. Les officiers de bord ont vu la même chose, et cela a été consigné sur le livre de bord."

"Un bonhomme Michelin dans une fusée"

Cette expérience "bizarroïde mais pas très probante" ne figure pas dans son "best of régional" d’une trentaine de cas. J.-P. d’H. s’en remémore plusieurs. Un Lillois qui a vu des objets flottant au-dessus des toits. Un couple en voiture qui, en plein jour, a aperçu un "bonhomme Michelin" dans une fusée. Ou encore une "soucoupe" qui s’est envolée après avoir pris à son bord un "petit bonhomme sautillant" sous les yeux d’une vieille dame…

Mais attention, les cinquante membres du GNEOVNI ne sont pas des "farfelus" et son action se veut "strictement scientifique et méthodique". "On travaille avec un maximum de rigueur, dit-il en serrant le poing. On ne cherche pas les petits bonhommes verts ! On écoute des témoignages humains extrêmement fragiles, qu’il faut approfondir et analyser". C’est dans cet esprit qu’il collabore avec le Service d’Expertise des Phénomènes Rares Atmosphériques (Sepra), un organisme public basé à Toulouse.

J.-P. d’H est un retraité actif. Cet astronome amateur reçoit en moyenne cinq lettres par mois signalant des phénomènes. Il se rend alors sur le terrain, examine les lieux, rencontre les témoins. Son but : "leur fournir une explication rationnelle" ou classer l’objet comme non-identifié. Parfois, la déception est au rendez-vous : "Il y a des gens qui ont seulement vu la Lune !". Chasseur d’ovnis, c’est un métier à plein temps. J.-P. d’H consacre l’essentiel de son temps libre à ses enquêtes, ses dossiers à classer, des réunions publiques à organiser et à des lectures spécialisées. Il ne déteste pas regarder de temps à autre un film ou une série abordant son sujet favori, comme "Rencontres du troisième type". De telles rencontres avec des humanoïdes, il n’en a jamais fait. A son grand regret.

D'autres envahisseurs l'obsèdent. "Je ne veux pas être raciste, mais… vous voyez ce bâtiment ? C’est une mosquée", explique-t-il en pointant du doigt un immeuble voisin. "Ils nous menacent", dit-il en passant son pouce sur son cou, mimant un égorgement. Dans sa résidence sécurisée, J.-P. d’H ne se sent pas en sécurité. "Ils passent par la clôture de derrière, j'ai observé la végétation écrasée"… J.-P. d’H n'aime peut-être pas les hommes de couleur. Sauf ceux de couleur verte.

19 avril 2005

Extrait


Elle marchait pieds nus sur les dalles, qui retenaient pendant quelques secondes l'haleine de ses foulées, la tiédeur vagabonde de ses pieds, de même que le verre capte et retient la vapeur d'un souffle ; puis les traces s'amincissaient, à mesure qu'elles perdaient la chaleur de l'empreinte, et se laissaient dévorer jusqu'à ce que leurs contours se fussent dissipés. Suivre les traces de ses pas, assister à leur évanouissement progressif, tandis qu'elle s'éloignait, avait quelque chose d'hypnotique, donnait l'impression déroutante que l'on a quand on suit une piste que l'on croit réelle et qui, en définitive, se révèle être un mirage.

"La tempête", Juan Manuel de Prada, p.100

18 avril 2005

Douze balles à fleur de peau


Pour son anniversaire offrez-lui un réveil. Pierre Souchon ne peut se réveiller tout seul. Un trouble narcoleptique qui ferait de lui un parfait témoin pour une émission de Jean-Luc Delarue. C’est maintenant une habitude pour moi tous les matins : réveiller Pierrot en lui passant un coup de fil.

SMS reçu le 30/02/05 à 02:08 : « Si tu peux mapelé juska ce ke je réponde… merci gaillard ».

L’ESJ recherche des « profils atypiques » lors du concours d’entrée. J’aime à penser que j’en suis un mais si l’on devait effectuer un classement de ces « profils atypiques », Pierrot survolerait la compétition. Mulder et Scully eux-mêmes n’arriveraient pas à étudier, cerner, comprendre cet extra-terrestre. Alors les jurés… Même si à l’Ecole, on le connaît depuis longtemps le Pierrot. Son DEUG de Lettres obtenu par correspondance en poche et des images d’Europe de l’Est plein les yeux, il affronte les concours pour la première fois en 2003. Il réussit brillamment les écrits. Reste à se défendre aux oraux. Il s’assied sur sa chaise, faisant face aux trois jurés. Puis il se lève d’un coup et annonce qu’il n’est pas prêt, qu’il ne faut pas le prendre, qu’il n’est pas fait pour ça. Il quitte la pièce. Pierrot s’est « vendangé » comme on dirait chez lui en Ardèche. Mais il est de retour à Lille en 2004. Il réussit brillamment les écrits. Reste à se défendre aux oraux. Il s’assied sur sa chaise, faisant face aux trois jurés. « On se rappelle de toi ! », lui disent-ils. Cette fois c’est la bonne, Pierre Souchon se sent prêt et intègre la 80ème promotion…

Il quitte donc son Ardèche natale et débarque à la gare Lille-Europe. Je l’imagine avec son grand sac de rando, son pull Adidas bleu ciel, ses Nike de marathonien aux pieds. Levant les yeux vers la tour du Crédit Lyonnais, il a du se dire « Putain c’est le Grand Nord ! Il fait gris, c’est moche, et c’est parti pour deux ans ! », passant une main dans ses cheveux en bataille avant de se rouler une cigarette.

Cherchez le mot “passionné” dans un dictionnaire et vous trouverez sans doute une photo de Pierrot. Pierrot s’attache aux lieux mais surtout aux gens. Son grand plaisir, s’asseoir au fond d’un vieux rade avec une Jupi et écouter les piliers de comptoirs se raconter leurs vies. Les débats passionnés ça le connaît. Mettez-vous en travers de son chemin et il vous menacera de “douze balles dans la peau”. Si vous allez très loin, il vous proposera même un “peloton d’exécution” en fronçant les sourcils.

Aujourd’hui c’est le lundi de la rentrée à l’Ecole... et Pierrot n’est pas là. Pour son anniversaire, offrez-lui un réveil.

14 avril 2005

L'aviez-vous remarqué ?



Dans les publicités pour montres ou dans les vitrines d'horloger, il est toujours 10h10 ou 22h10. C'est comme ça...

08 avril 2005

Coupe des coupes



Les footballeurs des années 80 m’ont toujours impressionné pour leurs coupes de cheveux. A l’époque je collectionnais les albums Panini et… j’avais la nuque longue. J’avais l’album 88 en double avec en exclusivité David Ginola et Laurent Paganelli...

L’Anglais Freddi Cris s’est penché sur le sujet et a publié Footballer’s haircuts, véritable succès en librairie outre-Manche. On y retrouve les gloires du passé…et leurs coiffures dépassées.

07 avril 2005

Diplôme d’aptitude à la vie moderne


Il ne reste que 13 000 Bantous de Somalie. En 1999, ils ont été torturés, déplacés, massacrés. Depuis, ils vivent dans un camp, un unique camp, au Kenya. Ils y attendent leur départ pour les Etats-Unis, qui ont promis de les accueillir sur leur territoire sur pression de l’ONU. Depuis septembre 2003, le Département d’Etat les prend en charge et les envoie au rythme de 200 par mois vivre au pays de la liberté. Seule condition, obtenir leur « diplôme d’aptitude à la vie moderne »…

Tout un peuple doit abandonner ses racines et s’immerger dans une autre culture, totalement étrangère. Au coeur des plaines désertiques du nord du Kenya, dans une salle de classe transformée en appartement occidental, les Bantous sont formés à l’American way of life. Là, ils apprennent à appuyer sur un interrupteur, à serrer fermement une main tendue, à saluer d'un rapide "hello" et à renoncer à la polygamie et au mariage forcé. Une semaine, seulement, doit leur permettre d'effacer un mode de vie ancestral et d’obtenir leur diplôme-sésame. Puis vient le grand départ, le choc, le déchirement.

Pour Hassan, on a choisi Utah. Il débarque à Salt Lake City et confie : « Quand j’étais à Kakuma, la nuit, je rêvais d’Amérique. Maintenant que j’y suis, avec toutes ces choses autour de moi, quand je ferme les yeux, je pense à Kakuma, à ce que j’ai laissé derrière moi ».

(« Un charter pour les étoiles », documentaire de Philippe Levasseur. Diffusé le 4 avril sur France 5)

06 avril 2005

Pellicule sensible


« Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’étiez pas assez près », disait Robert Capa.

James Nachtwey, lui, est toujours près. Très près. Pendant vingt ans le photographe américain a sillonné la planète afin d’en capturer les plaies. Dans son viseur, Nachtwey a vu le pire. Guerres, famines, tortures, misères.

Eternel solitaire, Nachtwey est propre, méticuleux, calme en toutes circonstances. Tempes grisonnantes, regard froid, son apparence est à des années-lumière d’un Patrick Chauvel passionné, sanguin, impulsif. L’Américain n’a pas le côté baroudeur-gilet-à-poche-rangers-pelloche-dans-la-chaussette que l’on connaît de beaucoup ses pairs et peu lui importent récompenses ou blessures de guerre. Nachtwey est un humaniste et croit au pouvoir de ses clichés. Celui de changer notre vision du monde et de « détruire notre indifférence ».

Je vous invite à découvrir ses portfolios.
A lire également, cet article de Sorj Chalandon dans Libération.

10 mars 2005

Lord of the ring


"Ces deux boules de cuir, c'est toute ma vie", me résume un des jeunes du gymnase en me montrant ses poings. Je déambule dans la salle de boxe avec mon appareil photo, me faufilant entre ceux qui sautent à la corde, ceux qui lâchent leurs coups sur de grands sacs rouges, ceux qui s'admirent dans de larges miroirs. Dans un coin, un gosse de 4 ans, fils d'un coach, a chaussé un casque bien trop grand et a été ganté de cuir. Il lève les yeux vers un punching ball qu'il atteint tout juste en levant le bras.
Cette après-midi du jeudi 27 janvier, j'accompagnais Simon dans le XIIIème arrondissement de Marseille où il rencontrait Louis Lavaly, entraîneur et manageur. Son article a été publié sur internet. Sans mon portfolio. Car ma pellicule a disparu. Dommage.

21 février 2005

Zorro absolu


Petit, on se cherche un héros. J'avais vite trouvé le mien en la personne de Zorro. Les autres garçons lui préféraient Superman, Spiderman, Batman ou autres yankees en -man. Comment pouvaient-ils ? Pour moi le pire de tous était Superman. Un slip rouge sur un collant bleu ?! Et ça veut sauver le monde dans cette tenue ?
Zorro est moins ambitieux, il se contente de s'occuper de son barrio paumé au beau milieu du Mexique. Il est plus réaliste, moins arrogant. De ce côté-ci du Rio Bravo, les héros ont des cojones.
D'abord Zorro c'est la classe. Tout en noir, tout en cuir. Il se déplace à cheval, à l'ancienne. Essayez un peu de chevaucher un pur-sang en pantalon de cuir... Ca c'est héroïque ! Pas de super-pouvoirs ridicules. Non Zorro ne voit pas à travers les murs ni ne les escalade à mains nues. Il se démerde tout seul avec ses dix doigts pour venger la veuve et l'orphelin, accompagné de deux seuls Tornado et Bernardo. Comprendre un sourd-muet, ça c'est héroïque ! Quelle dimension humaine dans ce personnage... Non il n'y a décidemment personne au-dessus de Zorro.

L'aviez-vous remarqué ?



Dans films et séries TV, les agents du FBI se déplacent toujours par deux. Mais avez-vous remarqué que l'un présente toujours l'autre ? Imaginons ainsi une scène :

Deux agents arrivent devant la porte d'une maison typique des suburbs américains. Le gazon a été fraîchement tondu le dimanche d'avant par le père de famille, qui avait trouvé là l'occasion de sortir son vieux sweat à capuche "University of South Dakota". L'un des agents sonne. Une femme ouvre. C'est là que tout se joue.
L'agent dit : "Bonjour Madame, je suis l'agent Campbell et voici l'agent Comptable", en montrant son équipier du doigt. Et les deux d'exhiber leurs deux plaques rutilantes. Le second ne se présente jamais lui-même et c'est toujours comme ça.

Couleur de vérité


En octobre 2001 je découvre l'université à Toulouse. J'avais obtenu mon bac au Gabon quelques mois plus tôt.
Première journée au département de Géographie. On fait la queue depuis des heures pour obtenir un #@5§*$% de papier. Derrière moi j'entends un Africain. J'ai deviné à son accent qu'il était Congolais. Il discute avec une fille et tente de la séduire. Ca tombe sous le sens ! Un pote ivoirien me disait que "99% des Congolais qui discutent avec une fille tentent de la séduire"... Malheureusement pour lui c'est mal engagé. Il me confiera plus tard que "cette Blanche là n'était pas blanche-bleue"... On fait connaissance et je deviens vite pote avec le gars au nom le plus improbable que l'on puisse imaginer :

"Jéry-Clève Pompidou Bayindula"

Pompidou ? Une idée de sa mère en hommage à Georges, en visite présidentielle à Brazzaville lorsque Jéry est né.
Arrivé en France en 1999, il avait atteri au Puy-en-Velay, ville du Forez aussi chaleureuse qu'un TicTac Supermint. Avant de découvrir "la Ville Rose et le cassoulet". Pendant deux ans s'enchaînent les débats sur la géopolitique africaine ou sur les déhanchements des danseuses de mapouka. Je lui parlais de ma difficulté à me faire à la France. De mon "attachement de Blanc" à l'Afrique. Là il aurait pu me citer Basile Boli (ou son nègre) qui disait se sentir "le cul entre deux chaises" dans sa bio "Black Boli". Mais il a fait mieux.
Menton collé à la poitrine comme d'habitude, les yeux levés vers moi, mains grandes ouvertes comme un dealer les mains en l'air devant David Starsky, il me dit :

"Tu es trop noir pour être blanc et trop blanc pour être noir".

Touché.

Souvenir vaudou-amer


Cayenne, Guyane. Cela doit être en 1998. J'effectue ma seconde seconde au lycée Vidal où ce matin je suis arrivé tôt. Du seconde étage je vois les élèves arriver par petits groupes. Partout autour la forêt s'éveille. Il fait un peu frais, une étrange fumée s'échappe de la canopée. Les arbres semblent expirer. J'attends Alain mon pote haïtien. J'ai retrouvé en lui l'enthousiasme des Africains. Il n'arrive pas. Mais Rose arrive. Elle est Haîtienne aussi et semble s'intéresser à moi depuis quelques temps... ce qui me vaut d'être copieusement charié par Alain. Macoumé, va ! On parle un peu. Elle me fait comprendre qu'elle veut sortir avec moi. Je lui fais comprendre que moi... non. Puis elle s'éloigne en souriant. J'ai été clair et expéditif je le confesse car je ne souhaitais pas qu'Alain me voie en sa compagnie... ce qui m'aurait coûté cher.
Le voilà qui descend de son scooter. En Guyane on dit "engin". Il me rejoint, on s'accoude à la balustrade, on parle de foot.
-"Tu saignes !", me dit-il soudainement.
-"Quoi ? Où ?"
-"Là !", me répond-il en montrant mon avant-bras gauche, couvert de sang.

Le sang s'écoule très rapidement et ne coagule pas. Aucune plaie. Un simple point rouge, minuscule, sur mon poignet, au-dessus de ma vieille Swatch bleue, d'où sort le sang qui atteint mon coude. Alain m'accompagne aux toilettes. Je nettoie mon bras. Rien à faire, le sang continue de s'écouler.
Direction l'infirmerie... où l'on ne peut rien pour moi. J'y passe vingt minutes durant lesquelle l'infirmière tente deux bandages. A chaque fois, le pansement se gorge de sang et devient rouge en une minute. Impressionnant et inquiétant.
Finalement c'est le SAMU qui vient me chercher pour m'acheminer aux urgences. Là je saignerai encore de longues minutes avant que mon sang ne coagule enfin. J'ai dû saigner cinquante minutes en tout !

L'après-midi, retour au lycée. C'est la saison des pluies, j'arrive trempé. Mauvaise idée le t-shirt blanc... Avec Alain nous enquêtons. On pense que je me suis coupé la main sur la rembarde. Impossible. Même en frottant mon poignet pendant des heures sur cette rembarde, je n'aurais pu me couper. Sur mon poignet, ni entaille ni plaie. Juste un minuscule point rouge.
On se la joue "Les Experts" en refaisant le film à l'envers.
-"Je suis arrivé le matin. Je me suis accoudé. Je t'attendais. Puis Rose est arrivée et..."
-"Quoi ?"
-"Ouais je l'ai un peu envoyé sur les... roses"
-"Ah je comprends...", me dit-il avec un grand sourire. "Elle t'a fait payer c'est évident. Oublie pas qu'elle est Haïtienne ! Sans te toucher en plus... Vaudou, Jérôme ! Vaudou !"

Entre vous et moi, je ne vois toujours pas d'autre explication.

L'aviez-vous remarqué ?


Au restaurant, il faut voir pour croire... Prenons un exemple :
Vous êtes dans un restaurant avec quelques amis et venez de vous asseoir à votre table. Une serveuse arrive et vous donne un menu chacun. Vous le parcourez tous des yeux.
Vous dites : "Tiens, ils ont du saumon norvégien à la cannelle !"
Et là obligatoirement l'un des convives vous demande : "Où ça ?"
Vous avez le même menu mais on ne vous fait pas confiance ! Ils veulent tous vérifier sur leur menu que ce que vous dites est vrai.
Pensez-y et vous verrez, c'est toujours comme ça...

19 février 2005

Tuba essai


Septembre 1989. La rentrée approche à grand pas. A peine a-t-on rangé le tuba dans le placard qu'il faut reprendre le chemin de l'école. Mais avant tout, il faut passer au supermarché "Escale" pour acheter les fournitures scolaires. La déprime.
Mais ce jour-là je sors du magasin avec un sous-main de bureau sous le coude. Un sous-main planisphère... qui est finalement resté sur mon bureau jusqu'à mes 18 ans. Ainsi suis-je devenu un spécialiste des capitales, des détroits et autres possessions hollandaises perdues au large de l'Antartique. J'ai fait des petits points rouges sur tous les endroits du globe où je suis allé. Mais il me manque encore beaucoup de points rouges à marquer. Et surtout un : l'île de Pâques. Je me suis juré d'y mettre les pieds un jour quand ma famille est moi avons débarqué à Bouaké en Côte d'Ivoire. J'ai encore l'intention de tout essayer pour y aller, accompagné de mon sous-main, pour y faire de la plongée sous-marine. Pour y réutiliser mon tuba.